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Un légitimiste exilé (1831-1846)

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La dernière Vendée (1831-1833)

La tentative de la duchesse de Berry pour rétablir son fils, le duc de Bordeaux (Henri V) sur le trône est un épisode historique peu connu. Ce projet de soulèvement dans lequel le maréchal de Bourmont a joué un grand rôle est un échec. Pourtant, son organisation a comporté plusieurs phases et rebondissements dont ses papiers personnels révèlent les enjeux.

A son arrivé à Londres en novembre 1830, Bourmont est appelé à Edimbourg auprès de Charles X. Celui-ci confirme son abdication en se réservant le droit d'exercer la régence jusqu'à la majorité de son petit-fils, le comte de Chambord (futur Henri V), droit que s'attribue également sa belle-fille, Marie-Caroline de Bourbon-Siciles - (1798-1870), veuve depuis l'assassinat de son époux, le duc de Berry en 1820 - ce qui entraine des divisions irréversibles dans le parti légitimiste et fait perdre un temps précieux. Le maréchal veut servir de "trait-d'union" (Gautherot) entre le roi et la duchesse de Berry et forme le Conseil de Londres avec d'Haussez et Capelle pour diriger la politique du roi et faire valoir les droits d'Henri V. Bourmont reçoit du premier le commandement des armées de l'Ouest et du Nord pour "l'époque du soulèvement général" mais la duchesse de Berry veut accélérer les choses et souhaite rentrer en France au plus vite. Un programme complet de restauration monarchique est établi en détail (à noter un programme politique livré par l'Edit de Réforme du Royaume et de Rétablissement des Libertés. Il s'agit d'une véritable Constitution, conçue par Capelle et Feuillant, qui établit le suffrage universel au niveau des communes et surtout rétablit les Provinces, "document qui témoigne de la profonde évolution de la pensée politique des Légitimistes" (Gérald de Bourmont, Le Livre de Famille, tome I, p266) . Cependant, des divergences importantes entre les légitimistes paralysent le mouvement. Le débarquement de Madame sur les côtes de Provence décidé pour la fin juin 1831 est repoussé. Bourmont reporte encore les opérations pour la 2ème quinzaine d'août. Des difficultés importantes surgissent cependant avec la Régente accompagnée de gentilshommes peu discrets, dont elle ne veut se séparer, à tel point que le maréchal lui présente sa démission en août. Sous l'impulsion du duc des Cars qui arrive en Italie en septembre pour encourager les projets de débarquement, il reprend pourtant sa correspondance avec ses agents et entreprend des démarches pour obtenir le soutien des cours européennes. Des émissaires sont envoyés en vain dans toute l'Europe afin d'obtenir armes et munitions tandis que des pourparlers avec les Républicains et les Bonapartistes échouent. Les avis divergent sur la conduite à tenir aussi bien à Paris (Berryer, Hyde de Neuville, Chateaubriand, Fitz-James, Villèle, etc..) qu'en province (Clouet, Charette, comtesse de la Rochejacquelein, d'Autichamps, Cahelineau...). Le maréchal décide finalement au printemps 1832 de mettre à exécution son plan qui consiste à réduire des petites places vendéennes puis Nantes et Angers avant de lancer des batailles décisives vers Chartres et Paris. La duchesse débarque à Marseille le 29 avril 1832. Le soulèvement de la ville échoue (au lieu des 2000 hommes attendus, seuls 60 sont présents!). Bourmont et le Conseil sont alors d'avis de cesser toute opération. Mais, la Régente veut se rendre à tout prix en Vendée. Sans succès, elle pérégrine ainsi tout au long du mois de mai, du Sud-Ouest à la Vendée, et finit par se réfugier à Nantes où elle reste cachées pendant cinq mois. Alors que Bourmont la décide enfin à quitter la France début novembre, la Régente, dénoncée est arrêtée le 7 novembre et emprisonnée à la citadelle de Blaye.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le maréchal écrit alors: "En toute circonstance, mon pays et mon Roi peuvent compter sur mon dévouement. Quoique vieux déjà, j'espère vivre assez longtemps pour les voir heureux l'un par l'autre..." (Gautherot, p 405).  Bourmont, mis sous mandat d'arrestation, fuit en Hollande d'où il dirige depuis La Haye le Comité légitimiste. Il réorganise aussi le Comité de Paris avec Latour-Maubourg et Berryer. Tandis que la princesse mets au monde une petite fille le 10 mai, le maréchal de Bourmont œuvre activement pour conclure le remariage de la Régente avec le comte Hector de Luchesi-Palli. Malgré ces échecs, Bourmont lui reste invariablement attaché ainsi qu'à son fils, dernier prétendant légitime au trône de France.

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La citadelle de Blaye, dominant l'estuaire de la Gironde, où la duchesse de Berry est internée sur ordre du roi Louis-Philippe, de novembre 1832 à juin 1833, sous la surveillance du général Bugeaud qui la raccompagne lors de son retour en Sicile.

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La duchesse de Berry et son fils, le comte de Chambord, futur Henri V, d'après Gérard.

L'expédition portugaise (juillet à septembre 1833)

Face à une situation politique trouble et devant la désorganisation de l'armée portugaise, le roi du Portugal, Michel 1er ou Dom Miguel fait appel en mai 1833 au maréchal de Bourmont et à des officiers français qui, comme lui, veulent servir la cause légitimiste au Portugal. Epris d'action et prêt encore à se mettre au service de cette cause hors de France, Bourmont accepte l'offre royale. Son arrivée redonne espoir au roi et à son camp. Il déploie ainsi une grande activité pour réorganiser l'armée et est secondé en cela par des officiers, comme La Rochejacquelein et Cathelineau. Malheureusement, cette campagne face au parti libéral, activement soutenu par les Anglais, est un nouveau désastre. Dom Miguel repousse les tentatives de négociations des Libéraux et notamment l'avis du maréchal de Bourmont qui lui conseille de mettre fin aux combats. Cette attitude le conduit ainsi que les autres officiers français à démissionner. Après un court passage en Espagne où ceux-ci restent en quarantaine dans un couvent en raison d'une épidémie de choléra, ils finissent par s'embarquer à Gibraltar pour l'Italie. Cette campagne marque la fin du rôle politique du maréchal de Bourmont.

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Le roi Michel 1er du Portugal

(1802-1866)

Le dernier exil en Italie (1834-1840)

Bourmont est accueilli en 1834 dans les Etat pontificaux par le pape Grégoire XVI, qui met à disposition de la famille réunie, la villa Lante et ses jardins, près de Viterbe (à Bagnaja), splendide ville italienne de la Renaissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La situation financière de la famille étant critique (ayant refusé de prêter serment à Louis-Philippe, Bourmont ne touche aucune pension), le maréchal fait l'acquisition d'un domaine agricole, le domaine Farnèse, non loin de la villa Lante, grâce à la vente de ses terres de Saint-Michel et de la Cornuaille.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Espérant refaire sa situation financière, il s'occupe alors de l'exploitation agricole et d'un élevage ovin. Il reste actif politiquement, rencontre le pape à Rome ainsi que la duchesse de Berry en Autriche. Il rentre en Italie, séjourne à Rome de février à août 1836 où sa fille Marie Augustine Juliette, appelée "Cita" épouse le vicomte de Landemont. Son autre fille, Ernestine épouse Fidèle, marquis de Langle en 1838, à Notre-Dame de Paris; elle meurt un an plus tard, à la naissance de son premier enfant, Bertrand. L'entreprise agricole ne donnant pas les résultats espérés, les dettes s'accumulant et sa santé s'altérant, Bourmont n'a plus qu'une obsession: rentrer en France, ce qui lui est enfin possible à la faveur de l'amnistie de 1840, prononcée par le nouveau président du Conseil, Thiers.

 

Bourmont, dernière demeure (1840-1846)

 

Affaibli, il rentre à Marseille avec l'un de ses fils mais leur voiture, prise à parti par des factieux, est attaquée. Ils réchappent  de justesse à ce guet-apens. Immédiatement, en effet, le maréchal est la cible des attaques violentes de la presse libérale (article du National de l'Ouest en date du 13 juillet 1840). Alors qu'il n'aspire qu'à la paix, son fils Charles entreprend activement de défendre son père en saisissant la justice. Cependant, le 9 août, le préfet notifie au maréchal qu'il perd sa qualité de Français et le fait retrancher des listes électorales. Il n'a donc plus de recours légal pour attaquer ses diffamateurs et beaucoup y voient un abus de pouvoir de Thiers. Dernier coup trop rude pour son épouse, dont la santé, altérée par les malheurs qui n'ont cessé d'accabler sa vie (exils, séparations, pertes de leurs deux enfants: Amédée et Ernestine), meurt d'épuisement et de chagrin à Nantes, auprès de sa fille Cita, le 30 septembre de la même année. 

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La villa Lante à Bagnaja, près de Viterbe, en Italie  à gauche et ses somptueux jardins à droite.

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La villa Farnèse de Caprarola,

près de Viterbe, à 60 km au nord de Rome 

propriété du maréchal de Bourmont de 1834 à 1843,

aujourd'hui propriété de l'Etat italien

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Vue du palais Farnèse de Caprarola,

entre 1720 et 1725 par Caspar van Wittel.

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Le maréchal de Bourmont

à la fin de sa vie,

daguerréotype, collection particulière. 

¨Privé des soins de la femme d'élite qu'il avait tant aimée et qu'il n'avait retrouvée à son foyer, après tant de séparations tragiques, que pour la perdre, le maréchal penchait lui aussi vers la tombe." (Gautherot p 453). Le maréchal qui habitait Bourmont, se rendait régulièrement auprès de son gendre, le marquis de Langle, au Plessis et auprès de sa fille Cita à Nantes. Il meurt à Bourmont le 27 octobre 1846. Son corps embaumé repose dans la chapelle de la maison. De Frohsdorf, le 25 novembre, le comte de Chambord lui rend alors hommage en ses termes: "Vous avez perdu un père chéri et moi un ami et serviteur fidèle.(...) J'aime à voir revivre dans ses fils, dans ses gendres, les nobles sentiments qui ont été l'âme de sa vie tout entière."

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